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petite terre

voyages et anecdotes

Gros temps

 

 

Part 2

 

Quand tout celà changea-t-il? 

Comment ? 

Cela fût-il rapide ? Cela marquait-il la fin de la rivière ou la fin de la nuit ?  De tout cela je n’ai pas de souvenir, mais je garde en mémoire sans savoir le décrire la hauteur des vagues qui venaient s’écraser en frappant la vitre du carré qui menaçait à chaque fois de se briser sous la frappe, la visibilité était nulle, L’eau ruisselant partout et ne semblait disparaître que pour laisser entrevoir une nouvelle montagne d’eau. 

J’avais plus l’impression d’être dans un sous marin que sur un bâteau qui ainsi secoué craquait en attendant la vaque fatale qui soit le renverser ait, soit le démantèlerai pour mettre un terme à l’apocalypse. J’étais résigné à ma dernière heure, me questionnant sur le pire entre cette interminable terreur ou la noyade. 

Le Capitaine et son second ne semblaient pas paniqués comme moi, également résignés, concentrés sur ces murs d’eau et je me demandai s’ils avaient un certain talent ou s’ils improvisaient. J’étais persuadé que jamais ils n’avaient essuyé une tempête si terrible, d’ailleurs le rafiot semblait à ses limites, mais j’avoue avoir peut-être tort. 

Que se passerait il si ces hommes paniquaient ? S’ils montraient leur peur ? Si pour affronter une vague ils prenaient la mauvaise décision ?  Le bâteau se coucherai, rechignant ou docile, ou la vague remplissant d’un coup le bâteau, celui-ci plongerait son nez vers les abîmes ?... 

Combien de temps tout cela dura t-il ? Je n’en ai aucune idée, c’était des instants d’éternité, on ne pourrait être distrait une seule seconde, celle qui pourrait être notre dernière. Il y a d’autres mesures de temps que celle donnée par l’horloge. 

Et puis les vasques ont pris des formes plus raisonnables, mieux formées, plus colorées aussi, et on arriva même à faire la différence entre le ciel et L’eau, comme si la mer nous berçait pour nous faire retrouver le calme, nous faire oublier, croire que ça n’a été qu’un cauchemar, peu différent d’une fête foraine. La mer retrouvant son rôle de mère, une mère rassurante et aimante. 

Cette mer, dans le Detroit de Malacca finit même par être presque plate, comme un lac de montagne. Le moteur réduit son régime comme pour prendre un peu de repos. Le Capitaine et son second sortirent une carte marine, c’était amusant de voir que sans nul doute nous étions au milieu d’îlots rocheux trop petits pour être habités. La carte avait d’énormes trous comme si on pouvait ignorer des masses d’eau inutiles, ou des rochers stériles. Mais l’évidence était que nous étions perdus en mer ! 

En mer calme, ça n’était pas si grave. 

Un bâteau apparut devant nous à bâbord, et voyant l’embarcation immobile ou presque entama les signaux pour proposer son aide qui fût déniée. 

On ne peut vaincre et baisser son chapeau. 

De quoi me plaindre ? Je parti faire une inspection du bâteau. Dans les gens entassés baignaient dans presque un mètre d’eau… et je n’imagine même pas comment ils ont passé le gros de la tempête… 

Enfin à la nuit on trouva le port. Le bâteau fût remorqué jusqu’à l’embarcadère et chacun continua son destin. Le mien était celui des baroudeurs: trouver un hôtel, penser à repartir et en supplément essayer de sécher mes affaires. 

Il restait, pour rejoindre Singapour, une traversée en overcraft et J’étais vraiment paniqué à l’idée de reprendre la mer. Les locaux  m’informerent d’une alternative. Une traversée de trente minutes m’emmenerait sur une autre petite île, puis une traversée encore d’une heure seulement pour rejoindre Singapour. L’idée était séduisante. Le matin suivant je réparti en bus pour traverser l’île et la pluie tombait de plus belle. 

Une pluie tellement dense, épaisse, obstinée, une pluie qui verse comme pour remplir, niveler, décaper, effacer, inonder, noyer… la route avait littéralement disparue. Au passage d’un pont, il fallait vraiment savoir que le pont était là, mais il y avait un courant et, au dessus, on apercevait le sommet de rembardes métalliques, si ce qui était sous L’eau n’était pas emporté par le courant. 

L’aide-chauffeur descendait et sondait les bas-côtés pour sécuriser notre passage. Puis on arriva à l’embarcadère, J’étais loin d’être seul, les candidats à la traversée se bousculaient et remplissaient rapidement d’assez grandes barques avec chacune une douzaine de passagers. Une fois installés sur les bancs de bois on dépliaît sur les côtes des bâches en plastique qui transformaient les barques en papillotes. Comme souvent en Asie les barques sont propulsées par des moteurs d’avion qui entraînent une hélice au bout d’un long axe de plusieurs mètres qui sert de gouvernail, d’où’leur nom de «  llongue-queue » . 

Toutefois à la différence des « longue-queues « que l’on trouve en Thaïlande qui sont des bateaux effilés proches des pirogues, ces barques semblaient lourdes, mieux adaptées à la pêche en mer…. 

Qu’elle idée J’ai eu de faire cette traversée ? Dès les premières minutes je l’ai regretté, coincé, sans voir ni notre position, ni la force des vagues, nous étions ballotes par la mer de haut en bas et de bas en haut, à coup de roulis et de «  brimbalements »….. 

Enfin nous ne fîmes pas naufrage. 

L’ile était tellement pas touristique qu’elle n’avait même pas un hôtel. Une famille faisait office de « guest-house », et on déplaça l’aieule pour m’offrir son lit. La couche encore chaude, mais surtout d’oser chasser la vieille me fit refuser l’offre,  J’avais besoin de me restaurer J’avais ma dose d’aventures ! Là un local me proposa un gîte, et installé au sec, au milieu des légumes, à même le sol, était ce que je pouvais comparer à un rêve.

La vie du baroudeur reprenait le pas sur l’adrénaline. Je n’ai aucun souvenir de la traversée pour rejoindre Singapour. 








 

Gros temps

Part 2

Gros temps

Gros temps
J’avais assez d’expériences de voyages pour avoir le culot, et être encore assez jeune pour avoir la naïveté sans la crainte pour aller au devant des découvertes.
J’ai toujours eu cette appréhension que donne les voyages en avion, sans doute la résultante de la totale perte de contrôle sur le pilotage de l’avion.
Donc je trouverai toujours plus de raisons pour passer d’interminables heures dans les transports terrestres et malgré ma totale absence de connaissance du milieu marin : sur les bateaux.
Dans ce très long périple, c’était alors mon record en durée, J’avais prévu de visiter rien de moins que sept pays, du plus minuscule à l’un des plus vastes, en partant de Thaïlande, Birmanie qui offrait un visa de sept jours, la Malaisie et Singapour vers Sumatra puis retourner à Bangkok pour voler vers Hong Kong, Macao et la Chine…..
On pouvait rejoindre Sumatra en partant de Singapour en bâteau par petits bonds d’île en Île.
La modernité de Singapour était aussi sur la mer….., on rejoignait l’ilot Indonésien le plus proche par un speed boat, une première pour moi qui m’enchanta. La météo était très bonne, le bateau volait sur les vagues.
C’était magnifique cette combinaison de vitesse, l’infini de la mer, les embruns, la liberté, la découverte…..
J’avais un peu oublié, sinon totalement l’étape suivante, ce qui était habituel chez moi, et le voyage se terminerai -en tout cas cette partie— par l’étape la plus longue qui traversait le détroit de Malacca puis remontait une rivière à travers la forêt tropicale, hélas pour une bonne partie de nuit.
Le bateau était un genre de chalutier, il devait transporter une centaine de personnes et n’offrait pas le moindre confort. 
Mais le paysage était fascinant, cette rivière aux eaux rougeâtres et claires à la fois, surprenant au milieu de la forêt dont on entendait parfois les cris de la faune. Tout y semblait paisible et sauvage, on aurait aimé faire étape dans les rares villages aux maisons en bois, bancales sur leurs pilotis,,respirant une parfaite harmonie avec la nature, laissant imaginer la symbiose avec ce monde inconnu. 
C’était la mousson, pas la mousson que décrit Louis Broomfield, mais une pluie d’été que les montagnes proches rendaient persistante, le ciel gris restait chargé de nuages lourds et les sols saturés d’eau débordaient des rizières, la terre était une glaise glissante et traître partout où la végétation n’avait pas pris place. 
Les rizières pour la plupart pas encore plantées, ressemblaient à des marécages glauques de couleur brunâtre… 

Je ne devais donc pas me priver de ce passionnant voyage pour mon retour. 
J’obtint un billet pour cette seconde traversée  le jour du départ, non sans l'aide de quelques locaux et juste à temps pour embarquer. 
Quand le bâteau, enfin, entama sa croisière, il fût fait un habituel contrôle de billet, et là :impossible de trouver ce fichu billet ! 
On me questionna, un véritable interrogatoire et en conclusion d’évidence J’avais acheté un faux billet, cela n’avait donc qu’une importance relative de l’avoir perdu. 
Je ne fût pas maltraité pour autant, bien au contraire, non seulement on ne me fit pas repayer le billet, devant autant de naïveté et de bonne foi, comme j’étais le seul touriste, j :ai eu droit à des égards et après avoir visité le bâteau du pont à la cale, le rafiot n’était vraiment pas très grand, désespéré de ne pouvoir trouver un espace décent pour m’installer pour la nuit, le nombre des passagers semblait important, on m’invita à partager le carré du Capitaine. 
N’imaginez pas une cabine de luxe. Le carré était juste ça :une petite cabine vitrée où il y avait si je me souviens, un petit espace pour s’allonger juste derrière le gouvernail…. 
Les rivières tropicales ont, pour moi, peut-être plus de charme la nuit que le jour. Tout alors deviens mystère. Immobile. L’eau est d’un noir d’encre. Tout semble palpable, épais, visqueux presque. 
Les bruits semblent filtrés par l’air et par la distance dont on a perdu la notion. Le diesel du bâteau est une barrière à la fois rassurante et gênante, on sent bien que ce tapage gardera toujours une distance entre ce glissement presque immobile sur L’eau et ce foisonnement qu’on devine à travers cris, sifflements, une respiration qu’on entend presque. 
Le bateau avance lentement, à tâtons, il semblait zigzaguer hasardeusement d’une rive à l’autre,  virant juste à temps pour ne pas percuter la rive et continuant son bonhomme de chemin comme sur de l’huile. Tout semblait si parfait, si serein, un voyage à travers l’opaque, le mystère, oppressante et mystérieuse forêt dont l :eau nous tenait à l’écart. 

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